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le roman d’un rallié

L’un est petit et maigre, l’autre grand et très fort, la face ronde, le regard vif et clair, la lèvre ornée d’une petite moustache courte. Sa démarche alourdie est pourtant assurée et une grande simplicité caractérise ses manières. Une fois déjà, le jeune marquis a pu observer de près l’intéressante physionomie de Grover Cleveland, pour la deuxième fois président des États-Unis et chef de 70 millions d’hommes. Mais l’idée ne lui est pas encore venue de considérer en lui le successeur de George Washington et, comme soudain la vision s’évoque du général, en grand costume, l’épée au côté, se rendant en voiture de gala, à l’ouverture du Congrès et plus semblable à un monarque constitutionnel qu’au chef élu d’une démocratie, il se demande si, de Washington à Cleveland, la présidence n’a pas singulièrement dévié ?… Mais non ! la forme a changé, voilà tout. Washington aujourd’hui ferait comme Cleveland, sans regrets et sans embarras et rien ne le distinguerait dans la vie extérieure du plus humble de ses administrés. Étienne pense que les institutions républicaines ont en tous les cas