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le roman d’un rallié

entre ses doigts, il était à la fois pressé de la lire et tenté de la brûler sans en briser le cachet armorié.

Jamais encore les lettres de sa mère ne lui avaient produit un pareil effet. Depuis près de cinq mois qu’il l’avait quittée, la correspondance entre eux s’était maintenue régulière et douce. Elle lui avait écrit les mille détails insignifiants de sa vie monotone, entremêlant ses récits de quelques brèves réflexions sur le malheur des temps, l’engageant à ne pas trop s’attarder en route, mais sans lui marquer d’impatience ni de mauvaise humeur et sans paraître lui en vouloir de prolonger un voyage qu’elle avait jugé inutile et surtout inopportun. L’Amérique ne lui disait rien de bon. Puisque son fils désirait voyager, elle l’eut volontiers suivi en esprit du côté de la Grèce ou de l’Italie, voire même en Espagne et en Allemagne, là où il y a de belles œuvres d’art à contempler, une longue histoire à revivre, de sages réflexions à faire, des reliques du passé à révérer. — Mais les États-Unis n’étaient, à ses yeux, qu’un magasin de dangereuses nouveautés,