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le roman d’un rallié

est un présage de malheur pour les pauvres humains.

V

Le Potomac est tout vide. Cette solitude exagère encore sa largeur ; on dirait un bras de mer. Les petits flots pressés, que le vent soulève à l’encontre du courant, s’efforcent de reproduire les volutes et les franges d’écume des vraies vagues comme des bébés imitant les gestes et les attitudes des grandes personnes. Ils se heurtent, se poussent, se retournent, se rejettent de l’un à l’autre les milliers d’étincelles que le soleil leur prodigue pour les amuser ; ils s’éclaboussent, changent de couleur et puis, assagis tout d’un coup aux approches verdoyantes des berges, s’allongent sur le sable en révérences distinguées. Les arbres répondent en s’inclinant et en murmurant des choses aimables. Vraiment on n’a jamais vu une nature si discrètement exubérante,