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le roman d’un rallié

un air vaguement sépulcral ; les pendules en forme de temples grecs, les vases à silhouette d’urnes funéraires semblaient des modèles de sépultures, réunis là pour satisfaire les goûts du client le moins facile à contenter et ce n’était pas sans un sursaut d’étonnement qu’on percevait, dès l’entrée, le joyeux tintamarre des conversations mêlé à la plainte d’un piano martyrisé ou d’une guitare aux sons aigres. Il y avait toujours du bruit dans cette maison.

Cette fois-ci, un calme relatif y régnait à cause de la solennité de la circonstance. Les arrivants, très nombreux — se séparaient en haut de l’escalier en deux files, d’après leur sexe, comme à la synagogue. La file des hommes aboutissait à Madame Hetley qui pontifiait dans un coin du salon, ayant auprès d’elle Miss Mabel pour faire les présentations. La file des femmes serpentait jusqu’à M. Hetley qui s’inclinait béatement aux noms murmurés à son oreille par Miss Clara. Le ménage personnifiait vraiment le théâtre sous ses deux formes classiques : Madame Hetley était ample comme la tragédie, M. Hetley était