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le roman d’un rallié

s’imaginait que quelque secousse le prenant au dépourvu et l’obligeant à agir sans délai le trouverait plus capable de résister aux défaillances. Et il attendit…, le temps passa. Rien ne vint.

Il essaya de « faire la noce ». Combien à Paris la font par désœuvrement, pour s’empêcher de penser ou même, car le cas d’Étienne est plus fréquent qu’on ne le croit — pour se consoler de ne pas agir. Au bout de trois mois, il en eût assez : son cœur se soulevait de dégoût. Les miroirs des cabinets particuliers lui renvoyaient l’image, non de ce qu’il était, mais de ce qu’il aurait pu être. Il lisait, sur les tentures satinées des boudoirs, le Mane, Thecel, Pharès de sa propre destinée : sa mémoire jetait au travers des sensations factices dans lesquelles il cherchait l’oubli, tous les grands souvenirs, toutes les idées généreuses, tous les nobles sentiments qui l’avaient exalté. En Bretagne, il avait ensuite tenté d’ensevelir ses remords naissants. Un de ses voisins l’y aidait, un grand garçon robuste dont l’enveloppe épaisse recouvrait une imagination vive à laquelle il s’était empressé, disait-il « de couper les ailes