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le roman d’un rallié

l’air. Ici les sentiments se manifestent d’une manière bien plus primesautière..… Étienne écoute le rire frais et clair des deux jeunes gens assis en face de lui, quand une voix de jeune fille vient le tirer de sa rêverie. « Eh bien ! dit sa voisine, qu’avez-vous donc ce soir ? Savez-vous que vous ne m’avez pas encore adressé une seule parole ? Vous n’avez pas honte ? Moi qui croyais que les Français étaient si gais ! » Étienne est très confus et rougit un peu ; il explique à quoi il songeait. Ada Jerkins l’écoute avec intérêt et s’épanouit à l’idée d’une supériorité nouvelle de l’Amérique sur l’Angleterre. Elle n’a jamais été à Londres et ne sait pas comment on y dîne ; mais cela doit être bien vrai ce que dit le marquis, oh ! oui, bien vrai !.… Cette fine critique lui semble remarquablement présentée et très douce à entendre..… Elle ne se rend pas compte que si, dans un chemin de fer Français ou Allemand, elle entend jamais dire du mal des Anglais, une bouffée de colère montera à son joli visage. Mais c’est vraiment bien naturel qu’à Washington les fleurs soient plus belles et les gens plus