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le roman d’un rallié

souffre ; cette souffrance-là est noble et salutaire. Elle cache tout le grand travail des épurations intérieures, de la volonté qui se forge.… Il aperçoit toute la région parcourue, la direction suivie. Devenir un homme agissant et utile, afin de prendre sur celle qu’il aime l’empire qu’il ne pouvait exercer jusqu’alors, c’est vers cela qu’il a marché. Sensible à sa tendresse, la lui rendant déjà, Mary s’est résisté à elle-même parce que, dans son jugement clair et droit d’Américaine, la force manquait à Étienne, la force qui est le gage de tous les avenirs.

Il a eu la chance que ce que demandait Mary lui fut demandé aussi par son pays. Les deux sentiments qui incitent l’homme moderne se sont unis pour aider sa marche. Il se rappelle les élans de son patriotisme juvénile, sa haine irraisonnée contre le dur vainqueur de 1870, son mépris exalté de ceux qui prétendaient atteler la France au char d’un parti. C’est au régiment que pour la première fois, il l’a sentie devant lui, vivante. Les débuts pénibles, l’attention détournée sur les mille détails du service cachent au