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le roman d’un rallié

l’effort a échoué. Le jeune Breton est ironique et sceptique quand il parle de cela et le dernier mot de sa sagesse est d’un animalisme lamentable.

Mais Étienne n’est point convaincu. La ligne bleue continue de l’appeler et le voici en route… départ douloureux ! Tout est triste autour de lui et rien ne parle d’espérance. Puis bientôt, c’est la joie d’entrer dans le wide, wide world, de voir surgir chaque jour des panoramas inattendus, des cités nouvelles, des points de vue différents. Il se rappelle très bien son état d’âme en arrivant à Washington. Déjà le retour ! Les cheminées du transatlantique fument à l’horizon. Encore quelques semaines, quelques souvenirs de plus à amasser et il faudra partir. En lui s’opposent le regret de voir fuir cette belle vie libre et l’envie de retrouver sa chère Bretagne. Il ne sent point encore la déception fondamentale du voyage, mais il sait qu’elle est en lui et qu’une fois sur l’autre rive, il en souffrira cruellement. Car en somme que rapporte-t-il ? une infinité de renseignements curieux, mais rien de pratique,