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le roman d’un rallié

À moins d’un orgueil invétéré, d’un esprit d’indépendance véritablement opiniâtre, en face duquel il n’y a plus à compter, alors, que sur le coup de foudre qui arrêta saint Paul sur le chemin de Damas — l’expérience de la liberté dans l’ordre moral doit aboutir, chez le jeune homme élevé chrétiennement, à une déception ; comment ne se rendrait-il pas compte de son impuissance à rien définir, à rien expliquer, à rien fonder de résistant et d’immuable ? c’est alors que l’influence modeste et tendre d’une jeune fille qui possède elle-même le calme et le repos intérieur donnés par la foi, peut agir efficacement… » Le Père Lanjeais se tut ; puis au bout de quelques instants il ajouta : « Mais cela, c’est le second acte ».

— « Et quel est le premier ? » dit la marquise.

— « Le premier, soupira le religieux, c’est le temps qui doit le jouer. Il faut laisser l’utopie s’user d’elle-même. La jeune génération actuelle se targue en vain d’indifférence ; elle atteint assez vite le bord de l’abîme et, près d’y tomber, appelle au secours. La science est là qui veille, la science