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le roman d’un rallié

lui représenta dans quel état il avait trouvé le tombeau de l’abbé de Lesneven et lui proposa d’y faire, d’un commun accord, les réparations désirables. Elle refusa. Elle n’était pourtant, par nature, ni fanatique ni bigote. Mais le malheur, la solitude, les responsabilités avaient durci, cristallisé en elle, pour ainsi dire, les croyances et les opinions qui s’étaient manifestées autour de son enfance. Cette proposition d’ailleurs la surprenait ; elle ne s’y attendait pas : elle la repoussa sans réfléchir. Peu à peu, elle s’était accoutumée à rendre son oncle responsable de tous les malheurs qui avaient atteint sa famille, et l’idée que cet oncle diabolique pût rétrospectivement exercer une influence sur son fils, à elle, lui fut odieuse. Étienne ne discuta pas. Seulement, à quelque temps de là, elle apprit, par l’homme d’affaires de Quimper, que le tombeau avait été entièrement restauré « d’après les ordres de Monsieur le marquis ». Elle ne dit rien : Étienne était plus empressé, plus affectueux à son égard qu’il n’avait jamais été ; elle jouissait de sa tendresse d’homme, s’en rappe-