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le roman d’un rallié

semblait qu’un fluide mystérieux les eût mis en communication ; il la sentait près de lui : la distance qui les séparait, n’existait plus, sa vue seule lui manquait.

Ce ne fut pas elle qui vint, ce fut une petite brune, gentille, délurée, avec des yeux vifs ; l’air aimable et bon, et une certaine distinction parisienne dans la toilette et les manières. « Je vous ai fait attendre, dit-elle, en s’asseyant, souriante : c’est que votre Izeyl finit plus tôt que les autres théâtres ; ça repose Sarah de jouer une pièce courte !… Est-ce qu’il y a longtemps que vous êtes là ? » — « Non, dit Jean : dix minutes à peine », et il présenta son ami. Étienne vivait double ; il savait qu’il était chez Maire, qu’on venait de poser devant lui une assiette d’huîtres et d’apporter du champagne frappé, que les Tziganes allaient jouer et que cette femme s’appelait Henriette. Il se souvenait très bien de l’avoir vue déjà, il y a deux ans, soupant dans un autre restaurant du boulevard, en compagnie d’un des jeunes abrutis qu’il avait rencontrés tantôt, allant faire un bézigue à l’Agricole. Mais pendant que s’inscri-