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le roman d’un rallié

retour ; dans son trouble, il n’avait convenu d’aucun rendez-vous avec le cocher de la diligence. Il apprit qu’elle ne passait pas ordinairement près du Menhir Noir ; le cocher, sans doute, avait fait ce détour pour lui être agréable. Le mieux, maintenant, serait d’aller jusqu’à Crozon. C’étaient les deux tiers de la presqu’île à traverser, mais le chemin était joli et on ne risquait pas de se tromper. Le marquis se mit en route après avoir remis au fermier et au vieux Simon de larges gratifications ; il se promettait d’avoir l’œil sur eux afin d’empêcher l’établissement d’une guinguette. L’idée que ce lieu, consacré par tant de souffrances et par un drame intérieur si poignant, pût devenir un centre à pic-nics lui faisait horreur.

L’après-midi avait été douce et voilée ; pas un rayon de soleil, pas de vent ; la mer, qu’il aperçut bientôt d’une colline, était elle-même sans couleur et sans mouvement. La nuit tombait quand il atteignit Crozon. Cette fois le siège de la diligence était occupé, mais l’intérieur était vide ; il s’étendit sur une des banquettes. À Châteaulin où