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le roman d’un rallié

n’aurait été plus lugubre. Au milieu, s’élevait un sarcophage de forme très simple qui ne portait ni croix ni inscription d’aucun genre : sépulture anonyme que la mousse et les lichens dévoraient. Le cœur du jeune homme se souleva ; des larmes lui vinrent aux yeux. Il s’approcha du sarcophage et posa la main sur la pierre comme pour promettre à celui qui dormait là de le protéger contre le scandaleux ostracisme qui le poursuivait jusque dans la mort. Une grille remplacera ce mur, pensa Étienne : j’édifierai ici une tombe de marbre surmontée d’une croix et portant une inscription et, tout autour, on entretiendra des fleurs ; et il ajouta tout haut, comme si le mort pouvait l’entendre, comme s’il voulait prendre à témoin des esprits invisibles : « cela sera ainsi, parce que je le veux ».

Quelle mystérieuse puissance ont donc sur ceux qui les prononcent certaines paroles dites à certaines heures décisives. En prenant ce solennel engagement, Étienne se sentit un autre homme ou plutôt il se sentit un homme. Il lui sembla qu’en lui la volonté, longtemps retenue, rompait