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le roman d’un rallié

On dépêcha aussitôt un des enfants à la recherche du vieux Simon. Étienne prit la clef des mains du fermier, déclarant qu’il préférait aller seul au tombeau et, perdu dans ses réflexions, il s’achemina vers le petit bois de chênes.

Les arbres en étaient rabougris, leurs branches dépouillées de feuilles se contournaient tragiquement. Au centre, un espace d’environ 60 pieds carrés était clos par un mur trop élevé pour qu’on pût voir par dessus. Une petite porte basse donnait accès dans l’enceinte ; Étienne eût grand peine à l’ouvrir. Dans la serrure rouillée la clef ne tournait pas. Elle céda enfin et grinça sinistrement sur ses gonds. Il s’attendait à trouver tout envahi par les ronces, mais des ronces lui eussent semblé préférables à la nudité lamentable qui s’offrit à lui ; sur le sol, poussait un gazon maigre qui paraissait avoir été fauché récemment et que n’encadraient pas même un arbuste, pas le moindre feuillage. Le regard n’était arrêté que par le mur, le mur hideux dont la maçonnerie, mangée par une humidité verdâtre, s’effritait par endroits. Nul préau de prison