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le roman d’un rallié

il marcha six à sept minutes sans savoir où il allait. Puis, subitement, le terrain changea d’aspect, devint sablonneux et s’abaissa. Quand Étienne eût atteint le bas de la pente, il se retourna. La même émotion qui l’avait étreint là-haut le reprit, car il voyait la colline de sable, couronnée de broussailles sèches, vers laquelle l’abbé l’avait mené. Il eût envie de fuir ces lieux, de courir après la diligence, de s’en aller à Crozon, à Morgat, n’importe où. Puis il se raidit, s’accusant de lâcheté, et reprit sa marche. Une campagne verte, paisible et insignifiante s’étendait devant lui. À cinq cents mètres il apercevait à travers des bouquets d’arbres, une habitation. Il eût grand peur de se trouver en face du manoir au seuil duquel l’abbé l’avait accueilli, le livre dans ses mains et le doigt sur les lèvres. Mais, en approchant, il constata qu’il n’y avait point là de manoir. C’était une simple maison de ferme, d’aspect riant ; la construction semblait relativement neuve. Deux enfants jouaient sur le pas de la porte. Leur mère parut, un ouvrage à la main, en entendant Étienne leur