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le roman d’un rallié

élection partielle allait avoir lieu dans les Côtes-du-Nord, sur les confins du Finistère ; il se présenta et fut élu ; il avait à peine 25 ans. Réélu en 1885 et en 1889, il venait en 1893 d’obtenir, pour la quatrième fois, les suffrages de ses électeurs. Sa situation à la Chambre, le nombre des amitiés qu’il avait su s’y créer, son éloquence très personnelle et, surtout, son incroyable puissance de travail semblaient le désigner pour un portefeuille. En Bretagne, son influence s’exerçait en dehors de sa circonscription. Il était devenu propriétaire du journal où il avait fait ses débuts et en avait fondé un autre à Brest, qu’il possédait également. Il s’occupait activement de l’un et de l’autre.

La première rencontre de Vilaret et d’Étienne de Crussène datait de 1888. Voyageant dans le même compartimentent entre Brest et Paris, ils avaient causé. Le député, qui savait le nom de son interlocuteur, s’était mis en frais pour lui. Étienne, ignorant à qui il avait à faire, s’était laissé aller au charme d’une conversation vive et spirituelle, pleine d’aperçus intéressants. Le len-