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le roman d’un rallié

Le père Vilaret avait longtemps réfléchi à ces choses et comptait qu’Albert accepterait la proposition avec enthousiasme. Mais Albert, sans hésiter et sans en témoigner le moindre regret, refusa de devenir pharmacien, déclarant qu’il préférait la politique et s’était mis d’accord avec le directeur du Progrès républicain d’Ille-et-Vilaine pour lui fournir deux articles par semaine. Le Progrès républicain d’Ille-et-Vilaine attaquait très vivement la politique du maréchal de Mac-Mahon et l’Église par dessus le marché, en sorte que tout dernièrement M. le Curé avait cru devoir, au prône, en interdire la lecture à ses ouailles et promettre solennellement l’enfer à son directeur. Le père Vilaret fut saisi, en entendant cette audacieuse déclaration, d’une colère formidable où le regret des bocaux de M. Guerprec entrait pour autant que la crainte des châtiments éternels. Il offrit à Albert un vigoureux coup de pied et le poussa dehors.

Le jeune homme était beaucoup trop fier pour chercher à rentrer dans une maison d’où on l’avait expulsé de cette façon peu délicate. Mais