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le roman d’un rallié

grisaient pas. Du reste ses succès n’étaient, pour lui, que les marches d’un escalier. Jamais il ne s’attardait sur une marche, ni ne tournait la tête en arrière. Il ne pensait qu’à escalader la suivante, et ce qu’il y avait de peu sympathique dans sa physionomie et dans ses manières venait uniquement de cette hâte fébrile, de cette tension perpétuelle vers de nouveaux triomphes. Quand il eût passé son baccalauréat, son père le prit à part et lui annonça que s’il voulait devenir pharmacien M. Guerprec le prendrait chez lui, l’associerait à ses travaux et, plus tard, lui cèderait son fonds et sa fille. Ce M. Guerprec était pharmacien dans un faubourg de Rennes et il honorait le père Vilaret d’une amitié protectrice. Celui-ci doutait qu’il y eût rien dans le monde de plus beau que d’être pharmacien. Un médecin n’est qu’un homme comme tout le monde, obligé de courir après ses malades par tous les temps et risquant de prendre toutes les maladies, tandis qu’un pharmacien réside béatement au milieu d’un grand nombre de bocaux portant des noms latins, et reçoit, dans ce sanctuaire, toutes les confidences du voisinage.