Page:Pierre de Coubertin - Hohrod - Roman d'un Rallié, 1902.djvu/202

Cette page a été validée par deux contributeurs.
195
le roman d’un rallié

et cria, joyeuse : « Il ne me reconnaît pas ! Eh bien moi, je vous aurais reconnu d’une demi-lieue ! Vous n’avez pas changé ! »

Une rougeur lui sauta aux joues, que la jeune fille prit aussitôt pour le gage de l’admiration produite par sa beauté et qui était, en réalité, l’expression d’une sourde colère qui se formait en lui. Il comprit, d’un coup, l’arrière-pensée de sa mère et la portée de cette visite et en éprouva une véritable rage. C’est Mary qu’il avait ramenée avec lui ; c’est avec le souvenir de Mary qu’il vivait ; c’est elle qui l’accompagnait dans ses promenades, qui conversait avec lui au coin du feu. À force d’être évoqué, ce souvenir était devenu une sorte de présence. Que venait faire cette intruse au travers de son amour ?.… La colère mobilisait tous ses muscles qui se tendirent, tandis qu’une étincelle de défi enflammait son regard. Rob-Roy qui avait du sang, s’échauffa par contact et s’agita. Éliane trouva le tableau charmant, remarqua le feutre mou, crânement posé de côté sur la tête du cavalier, les attaches très fines de ses mains et de ses pieds, sa position