Page:Pierre de Coubertin - Hohrod - Roman d'un Rallié, 1902.djvu/193

Cette page a été validée par deux contributeurs.
186
le roman d’un rallié

Elle l’interrogea sur son voyage avec un tel tact qu’il ne fut jamais embarrassé pour répondre. Enfin elle lui annonça, comme la chose la plus naturelle du monde, que sa cousine d’Halluin devait amener sa sœur avec elle. Étienne distrait ne broncha pas, et la marquise, songeant à l’Américaine tant redoutée, se dit : ce n’était pas une jeune fille — ce qui la satisfit pleinement.

Étienne, à coup sûr, eût préféré la solitude. Mais d’autre part, il n’était pas fâché d’avoir un prétexte vis-à-vis de lui-même pour reculer une décision qui, chaque jour, lui semblait plus difficile à prendre. Par un phénomène dont il ne se rendait pas bien compte, il ne retrouvait plus aucun des points d’appui qui lui étaient apparus de loin et sur lesquels il avait pensé asseoir ses entreprises. Malgré qu’il connût bien son pays, il semblait, qu’une fois en Amérique, il en eut oublié le détail pour n’en plus considérer que les contours et les arêtes. Il avait raisonné sur une Bretagne irréelle, vue en ballon, de très haut. Par où commencer ?… Il cherchait le fil conducteur et ne le trouvait pas. Se dévouer à ses concitoyens, rendre leur