Page:Pierre de Coubertin - Hohrod - Roman d'un Rallié, 1902.djvu/180

Cette page a été validée par deux contributeurs.
173
le roman d’un rallié

et souvent, l’expérience de toute la vie ne sera pas de trop pour déraciner cette folle prétention et leur en faire voir le néant. De là sortent mille désordres : l’architecture disparate et les éboulements dangereux de l’édifice social, auquel l’homme travaille sans souci des points d’appui préparés par ses ancêtres, ni des nécessités qui s’imposent à ses descendants — l’absolu et l’intolérance des opinions qui supposent la science parvenue à son point final et l’horizon ayant atteint son maximum de recul — les regrets inutiles et vains, les éloges exaltés donnés au passé par ceux que mécontente ou décourage le présent et qui, n’ayant pas la notion de l’avenir, sont incapables d’y chercher une consolation ou une espérance. Tout cela vient de l’exclusivisme dans lequel s’enveloppe chaque génération ; mais le pire de tous les maux, engendrés par cet exclusivisme, c’est peut-être l’émiettement moral qu’il produit dans la famille, l’espèce de barrière qu’il dresse entre les consciences et les entendements de ceux que la nature destinait à se succéder, à s’appuyer les uns sur