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le roman d’un rallié

à comprendre les illusions des enfants et à deviner leurs sentiments. Un jour vient immanquablement où, chez l’être que vous avez engendré, quelque chose vibre qui doit trouver en vous un écho. Veillez, veillez sans trêve afin de pouvoir répondre à cette recherche d’unisson ; elle peut se produire tôt après l’aurore, ou plus tard, aux approches de midi. Ce ne sera qu’un son très faible et probablement un son inaccoutumé, car si nos enfants, par hasard, s’éprennent des mêmes choses que nous, ils les voient sous des angles différents et les chantent sur des modes nouveaux. Et qui sait comment s’éveillent leurs affinités futures, quelles associations lointaines et irraisonnées s’opèrent au fond d’eux-mêmes, pourquoi un rien les émeut qui, des siècles durant, n’avait touché personne !

Veillez, car s’ils voient que le rien fugitif qui les trouble n’a pas d’aboutissement en vous, la séparation commence. Ils croient dès lors cette chose terrible : qu’en eux une force vient de naître qui n’existait pas encore, qu’ils ont créé une façon nouvelle d’envisager ou de considérer ;