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le roman d’un rallié

lassait pas d’écouter leur babil. Quand elle pût descendre et faire quelques pas, appuyée sur le bras de son mari, le printemps gonflait déjà les bourgeons. Sa première sortie eût lieu par un beau soleil ; elle avait quitté le deuil et regardait, sous le manteau de fourrure qui l’enveloppait, passer le crêpe de Chine azuré de sa robe de chambre. Le petit Étienne dormait paisiblement dans les bras de sa nourrice qui portait le costume des femmes de Guingamp ; il s’élevait tout seul et n’avait encore donné aucun souci. Arrivée au milieu du jardin, madame de Crussène s’assit dans un fauteuil préparé pour elle et, alors, son mari attacha autour de son poignet un bracelet d’émeraudes et de diamants qui portait la date de ce jour heureux.

Un mois plus tard, les salons parisiens s’ouvraient devant sa radieuse beauté ; partout, on lui fit fête. Sa démarche un peu hautaine ne nuisait pas à son succès, parce qu’on ne sentait en elle aucune vanité et la marque du bonheur atténuait, sur son visage, une certaine froideur instinctive qui dissimulait, au reste, une nature géné-