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le roman d’un rallié

Normandy, il l’avait vue maintes fois danser devant lui au-dessus de Mac Pherson square.

Le dîner fut gai ; la mère était satisfaite de regarder son fils et lui se contentait d’entendre sa voix, une voix admirablement timbrée qui avait bercé son enfance et dont la musique le charmait. La chronique locale fit tous les frais de la conversation. Ce fut seulement quand ils se retrouvèrent dans le salon aux tapisseries qu’un silence gênant s’établit entre eux. Étienne attendait et redoutait cette simple question : Pourquoi es-tu resté si longtemps à Washington ? Il savait que ces interrogations simples et droites étaient dans les habitudes de la marquise et elle les accompagnait toujours d’un regard aigu qui se posait sur vous avec la franchise indiscrète d’une projection électrique. Mais, cette fois, Madame de Crussène ne formula point la pensée que son fils lisait sur son front un peu soucieux ; d’un accord tacite, le mot d’Amérique ne fut même pas prononcé entre eux. Étienne ne poussa pas ses récits au-delà de la traversée dont il narra, avec complaisance,