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le roman d’un rallié

dominée par une sorte d’inquiétude qui paralysait son désir de revoir sa mère : sa mère qu’il aimait tant et dont à plus d’une reprise l’absence lui avait semblé pénible à porter.

Alors il s’interrogea curieusement et, sur la lisière de sa forêt Bretonne, il entrevit l’agitation des cités Américaines et, derrière le visage de la marquise, les traits fins de Mary ; ces deux visages chéris étaient troublés tous deux et d’un trouble contraire ; il eût conscience que, désormais, il ne pourrait les voir s’éclairer ensemble et qu’une terrible alternative allait, plus que jamais, déchirer sa vie. À travers les vitres, la campagne s’éclairait ; il savait les noms des villages, des coteaux, des petits ravins, de tout ce qui passait. À Plouaret, le chef de gare vint lui serrer la main, avec cette jolie familiarité Bretonne où tant de tact et un tel sentiment des distances s’allient à un esprit si nettement égalitaire. Puis enfin, ce fut Morlaix. Le train passa sur le grand viaduc à deux étages qui domine la petite ville, si pittoresquement installée dans son étroit vallon. D’un regard, Étienne surprit à gauche