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le roman d’un rallié

grand château aimé et la forêt, si jolie en hiver, avec le fouillis de ses branches grises, de toutes les nuances de gris, depuis le gris de fer aux ombres bleues jusqu’au gris perle aux reflets roses. Il allait revoir son cheval, ses chiens, les gardes, le village où chacun le saluait d’un bonjour amical. Il allait retrouver sa chambre tendue de rouge et ornée de gravures anglaises du siècle dernier, avec de grandes peaux d’ours blancs trainant sur le parquet et le petit fumoir en rotonde qu’il s’était arrangé dans une tour. Que de bonnes heures il avait passées là, les soirs de chasse, délicieusement moulu, se rôtissant les jambes devant un feu pétillant. Il songea avec un plaisir puéril à ses vêtements de gentilhomme campagnard qu’il allait endosser de nouveau ; nulle tenue ne valait celle-là : la blouse à plis en gros drap souple et les hautes bottes en cuir fauve. Sa main se crispa, par avance, autour de son fusil dont le canon luisait si joliment dans le taillis, qui s’armait presque tout seul et ne pesait point sur l’épaule..… Il s’alarma seulement en notant que sa hâte de retrouver tout cela était