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le roman d’un rallié

Quelle étrange impression il ressentit soudain de cette parole ! Au lieu de le contrister, elle lui fit chaud au cœur. Il éprouva un confort inattendu à sentir la terre Bretonne sous ses pas et une sorte de violent désir de s’y renfermer, corps et âme, et de ne la plus quitter ; il lui vint une vision de l’existence d’autrefois, des ancêtres stagnants qui vécurent toute une vie dans cette enceinte provinciale et s’y trouvèrent à l’aise : il entrevit le néant de sa lutte pour gagner le large et s’y perdre sans doute dans le remous des tempêtes prochaines. Placé là par la destinée, avec des devoirs et des droits, des facilités et des chances de bonheur tranquille, qu’avait-il à vouloir, au lieu de ces privilèges, les problématiques avantages après lesquels courent, souvent en vain, ceux que le sort a moins bien traités !

Et comme il était encore enfant, très mobile, prompt à se donner tout entier aux impressions du moment, il songea à ce qui l’attendait derrière les collines basses qui, aux approches de Guingamp, se dessinaient sur la gauche, dans la tristesse du jour naissant. Il allait retrouver le