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le roman d’un rallié

gros dolmen qui en occupe le centre, un panorama inattendu se révèle aux regards. Au premier plan, la forêt, et, sortant de ses flots sombres comme des mâts de navires enlisés, les paratonnerres et les girouettes armoriées de Kerarvro ; plus loin sur la lisière, les maisons du village semblables à un amas d’épaves grises et puis, au-delà, une région tourmentée, l’ondulation rousse des landes, coupées par de grandes failles rocheuses, tachetées d’ajoncs ; et tout au loin, la ligne pâle de l’océan bordant le vide du ciel.

Sur ce paysage s’opèrent d’étonnants jeux de lumière. Tantôt le soleil, s’échappant des brumes, enflamme quelque détail inaperçu qui prend un relief soudain, tantôt on voit glisser sur le sol l’ombre rapide de quelque nuage, et cette ombre qui court rend les landes plus rouges et la verdure plus noire. Un chemin s’enfonce là-bas, derrière un repli de terrain ; on en distingue les ornières et les cailloux ; une ferme se montre près d’un bouquet d’arbres et les pauvres vitres irrégulières de la façade flambent un instant.