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le roman d’un rallié

triste, lui pose cette simple question : « À quoi pensez-vous ? » — Étienne répond : « À vous » et il ajoute plus bas, la voix subitement assourdie : « Je me demande si je dois quitter tout cela pour toujours » et son regard embrasse l’admirable paysage qui s’étend devant lui. — « Pourquoi, pour toujours ? demande Mary ; si vous partez, vous reviendrez. » — « Jamais, dit-il, à moins que ce ne soit pour vous chercher et alors pourquoi ne venez-vous pas tout de suite ? »

… Sa belle confiance s’est envolée. Il s’est éveillé ce matin avec la sensation d’un poids très lourd pesant sur lui, comme s’il savait que pendant la nuit la résolution de Mary s’était précisée et fixée ; il s’est levé, persuadé que c’en était fini du bonheur entrevu, et pourtant, quand la jeune fille lui a souri tout à l’heure, il a eu la certitude que son amour était, sinon partagé, du moins sur le point de l’être. Si donc elle le repousse, ce n’est pas le cœur qui dicte le refus, c’est la raison. Elle a réfléchi, elle entrevoit des objections très graves, des obstacles très sérieux. À lui, Étienne, de vaincre sa résistance en la per-