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le roman d’un rallié

« Mgr Keane, prononça Rovesco, il n’y a pas de jour où l’on n’intrigue contre lui à Rome. Avant longtemps, le pape le destituera et le fera venir en Italie. Vous verrez cela !… et on mettra à sa place un homme de tendances et de caractère tout opposés. » Étienne protesta : « Comment, dit-il, pouvez-vous croire que le pape commettra un pareil impair ? C’est Mgr Keane qui a tout fait à l’Université catholique ; le succès de l’institution, ses progrès rapides, tout vient de lui et en dépend et sa popularité va croissant chaque jour. »

— « C’est précisément pour cela. Il est dangereux et sera bientôt suspect. Le pape d’ailleurs a déjà commis un impair, comme vous dites, en envoyant ici un représentant permanent qui se trouve l’arbitre obligé de toutes les querelles, parce que, n’étant pas reconnu par le gouvernement, sa liberté reste entière et qu’il ne peut, comme les nonces d’Europe, se retrancher derrière la raison d’État et invoquer la discrétion diplomatique, quand on lui demande de prendre parti. De plus, cet ambassadeur officieux rappelle aux Américains, qui seraient tentés de l’oublier,