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le roman d’un rallié

et le confident de beaucoup. On ne lui connaissait point de flirt et toutes ses tendresses semblaient se concentrer sur sa bibliothèque où il avait amassé le trésor de la blague universelle. Monsieur Anatole France tenait évidemment la première place. Venaient ensuite tous ceux qui, sous quelque forme et en quelque langage que ce fut, s’étaient amusés à percer à jour une croyance sincère, à troubler des consciences, à démolir des convictions, à ridiculiser de vieilles coutumes, à ébranler quelque règle de morale. Rovesco invitait tour à tour ses collègues et leurs femmes à venir prendre le thé dans son petit appartement et après le thé, de sa voix lente et bien timbrée, il ne manquait pas de lire à ses hôtes quelques passages piquants de ses auteurs favoris. C’était une distraction très recherchée dans le corps diplomatique.

Après quelques instants de silence, Rovesco renoua la conversation et dit : « Que trouvez-vous donc, cher ami, de si répréhensible dans ce pays ? Les gens y ont une façon particulière d’entendre la cuisine et de parler aux femmes,