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la chronique

toujours. Ce que furent les élections, il est inutile de le redire ici. Le corps électoral y marqua une sorte d’indifférence pour la question religieuse comme s’il estimait que la loi de séparation avait, à cet égard, définitivement déblayé le terrain. L’indignation et la surprise qu’en éprouva Pie x furent extrêmes. Il avait jusque-là vécu dans l’illusion que sa parole devait pénétrer jusqu’à l’âme du peuple français et déjà il voyait ce peuple armé pour la défense des églises et des presbytères ; son entourage aussi mal renseigné que lui, aussi obstiné dans son parti-pris d’optimisme, l’entretenait dans ces vues malheureuses. La défaite momentanée, le « triomphe passager des méchants », le pape les avait prévus et déplorés d’avance, mais après d’amples et rudes batailles ; ce qu’il voyait se produire sous ses yeux le déconcerta absolument. Il en garda à la France — et aux catholiques aussi bien qu’aux autres — une sombre rancune. À partir de ce moment-là, la politique pontificale pencha délibérément du côté de l’Allemagne et lorsque s’ouvrit à Paris l’assemblée générale des évêques, cette assemblée ne se trouva pas au diapason du Saint-Siège. Un fossé s’était creusé. On ne pouvait plus s’entendre.