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que, quand il s’amuse, il est plus maniable ; il savait aussi que ses surprises et ses protestations s’émoussent très vite et qu’on l’apprivoise en peu de temps à condition de s’y bien prendre. Or sur la liste première, sur la liste fondamentale de M. Clemenceau figurait le nom du général Picquart comme ministre de la guerre.

Ce n’est pas ici le lieu de reparler de l’affaire Dreyfus. Elle s’était clôturée de la façon la plus simple, on dirait de la façon la plus digne si l’on n’avait eu à regretter les déplorables manques de tact du procureur général Baudouin dont le réquisitoire insupportable par sa longueur s’était émaillé d’inutiles violences et d’inconvenantes remontrances. La Cour avait annulé le jugement du conseil de guerre de Rennes sans renvoi ; Dreyfus, rétabli dans son grade de capitaine, avait été nommé commandant et décoré et le colonel Picquart était devenu général de brigade. Une autre fois nous aurons à apprécier la façon dont ces mesures furent accueillies dans l’armée, avec autant de calme que de simplicité. Le ministre de la guerre, M. Étienne inspirait à tous ses subordonnés une si haute confiance et une telle estime que son attitude avait, en quelque sorte, réglé la