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institutions défectueuses et de les remanier de façon à assurer non seulement la sécurité de son pouvoir mais de celui de ses héritiers ? Cette pensée devait se présenter à l’esprit de Guillaume ii ; elle devait l’angoisser ; elle devait aussi soulever les enthousiasmes intéressés du parti militaire et des Pangermanistes. Si l’empereur actuel était un homme belliqueux, sa résolution eût été vite prise et la guerre eût éclaté au mois de juin 1905. Mais il en est autrement ; pleinement conscient de ses devoirs souverains, ayant un très noble et très haut sentiment de ses responsabilités et une exacte compréhension de sa mission de pasteur de peuples, l’empereur répugnait et répugne encore à la date du 31 décembre 1905 devant le déchaînement de la tempête. Il sait d’ailleurs que la France est forte, que l’opinion du monde entier est pour elle, que l’Angleterre n’hésiterait pas à combattre à ses côtés et que la Russie, si faible soit-elle, pourrait tenter une diversion de quelque valeur. Mais, d’autre part, il sait que la défense de Nancy n’ayant pour ainsi dire pas été prévue par les plans français et que la différence des procédés légaux dans les deux pays donnant à l’Allemagne l’avantage d’une mobilisation plus