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la chronique

et l’Adamaoua seraient aujourd’hui terres françaises. En 1881, les Anglais et les Allemands n’avaient pas encore mis la main sur ce que l’on a appelé justement « un des plus beaux morceaux de l’Afrique ». À présent il est trop tard ; les colonies de la Nigeria et du Cameroun sont constituées avec accès au lac Tchad. Certes la part de la France est belle et la rectification de frontières que lui a consentie l’Angleterre en 1904 a beaucoup facilité l’exploitation de ses possessions soudaniennes mais il n’en est pas moins vrai qu’il suffisait d’un geste opportun et d’un peu de persévérance pour que cette part fut doublée en valeur sinon en étendue. Plus tard, quand fut lancée à travers l’Afrique centrale la mission Marchand, la France, faute de Transsaharien, se vit dans l’impossibilité de la soutenir et dut céder aux exigences britanniques. Si le chemin de fer avait été construit à cette date rien n’eut été plus vite fait que de distraire des 60.000 hommes de l’armée d’Afrique les 12 à 15.000 hommes nécessaires pour s’emparer éventuellement d’une portion de la Nigeria et la retenir en gage. Pas n’eût été besoin de recourir à l’acte ; la menace aurait suffi. De même, si demain la France se trouvait en guerre avec l’Alle-