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la chronique

fait un grief de s’être donné à Fez pour le mandataire de l’Europe. Cela revenait à tenir pour nulle et non avenue la déclaration du gouvernement de la République concernant l’inexactitude de cet incident. Toujours la même audace dans l’accusation, le même mépris et la même insouciance à l’égard de la vérité. En présence d’une telle obstination, il fallait bien agir. M. Rouvier s’était donc résolu à la publication d’un Livre jaune dont l’apparition était attendue incessamment et à la confection duquel il apportait tous ses soins.

Le Livre jaune fut distribué le 14 décembre au parlement français. C’était une réponse écrasante aux dernières manifestations oratoires de l’empereur et du chancelier. Toute la thèse allemande était jetée bas comme par un tremblement de terre. L’effet fut immédiat et unanime. On admira à la fois le tact et le courage avec lesquels les documents avaient été admis. M. Rouvier et ses collaborateurs étaient allés jusqu’à l’extrême limite au-delà de laquelle la dignité de l’adversaire se fut trouvée atteinte. Il n’est pas habituel que les Livres jaunes reçoivent du public — et à plus forte raison du public étranger — les honneurs d’une analyse bien subtile. La presse les