Page:Pierre de Coubertin - Chronique de France, 1902.djvu/89

Cette page a été validée par deux contributeurs.
79
de france

Les exigences de l’Église.

Une conséquence première de cette particularité de la religiosité française, c’est que l’intolérance cléricale, lorsqu’elle se manifeste, s’exerce bien plus sur les actes de la vie publique que sur la pensée individuelle. La France est certainement un des rares pays civilisés où l’Église ait pu considérer de tout temps de parfaits mécréants comme faisant partie de son troupeau. Pendant les guerres de religion, il y avait dans les deux camps des intérêts politiques en jeu, mais surtout parmi les catholiques ; et la ferveur religieuse n’existait guère que dans le camp protestant. L’Église comptait parmi ses défenseurs d’alors nombre d’hommes qui ne croyaient, selon l’expression populaire, « ni à Dieu, ni à Diable ». Quand Napoléon Bonaparte rétablit l’exercice du culte et rouvrit les églises fermées par la Révolution, la foi était sommeillante au fond de son âme et elle était presque totalement inexistante chez la plupart de ses aides de camp. On a fait une légende du « billet de confession » qui aurait été exigé sous la Restauration des candidats aux carrières les moins ecclésiastiques ; quand bien