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est, pour lui, la politique de l’âme. Son langage habituel s’en ressent : il lui arrive volontiers de parler de sa « foi politique » et de ses « convictions religieuses ». Les deux termes lui paraissent équivalents et cette équivalence ne le choque pas. C’est qu’il tend à envisager l’Église et l’État sous un angle identique. L’un est chargé d’assurer l’ordre matériel, l’autre s’applique à produire l’ordre moral. Le clergé est un corps plus respectable que tous les autres, tant par les vertus de ses membres que par la grandeur de la mission dont il est investi, mais c’est bien un corps de fonctionnaires ; les évêques sont les délégués et les représentants du pouvoir central lequel s’incarne dans le Pape, assisté, en certaines circonstances rares, du concile qui est une sorte de Sénat ecclésiastique. Tels sont les rouages : que vaut l’esprit ? L’esprit est en rapport avec la forme. Il est fait, à la fois, d’indépendance et de soumission : c’est exactement celui que le Français apporte à juger son gouvernement, à le soutenir ou à lui résister selon les cas. Tous les auteurs étrangers qui ont étudié la psychologie de notre tempérament national se sont sentis déroutés par l’extraordinaire mélange de deux éléments contradictoires dont ils ont par-