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la chronique

démocraties les partis sont flottants et les devoirs mal définis. Si le parti politique auquel appartient le député est fortement organisé, son vote en quelque sorte a moins de valeur vénale puisque, la plupart du temps, on ne peut l’acheter qu’à condition d’acheter tout le parti ; c’est une sauvegarde. Si, d’autre part, le programme du parti est clair, précis, susceptible d’engendrer de fortes convictions et d’être défendu avec enthousiasme, le député est plus en mesure de résister à la tentation de trahir ce programme ou de manquer à ce que ses convictions exigent de lui ; c’est une autre sauvegarde. Toutes ces sauvegardes manquent à la démocratie Française. Elle est jeune dans un pays vieux ; elle a contre elle des traditions glorieuses, un passé retentissant d’aristocratisme ; son programme d’action est intéressant mais multiple et confus ; elle est encore inhabile à se grouper, inexperte à classer les opinions et à utiliser les hommes. La situation, en un mot, lui est défavorable au plus haut point et il est évident qu’elle était des plus exposées à tomber dans la vénalité et la corruption.

Y est-elle tombée ? Non. Les Français comparent toujours ce qu’ils voient autour d’eux, non pas