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la chronique

acquise que l’Américain pour édifier la sienne.

Il y a dans la nouvelle bourgeoisie, une autre cause de faiblesse. Elle s’est créée, en somme, par le travail ; or, les trois quarts du temps, le travail cesse à la génération suivante. Que font-ils, les fils du grand financier, du grand industriel, du grand commerçant ? Ils font semblant de travailler ; ils continuent l’œuvre du père, mais sans intérêt, sans passion, pour y trouver simplement de quoi maintenir leur luxe. Si la banque, l’usine, la maison de commerce ont été établies sur des bases très puissantes, avec une organisation solide et ingénieuse, il arrive qu’elles se soutiennent d’elles-mêmes ; mais cela ne peut durer indéfiniment et, moitié pour partager sa responsabilité, moitié pour se soustraire à un labeur qui l’ennuie, l’héritier de la maison appelle des associés qui finissent par se substituer plus ou moins à lui. Il avait déjà reçu une éducation qui le rendait peu propre aux grandes entreprises ; celle que reçoit son fils l’en détournera bien davantage. Car il en est, à Paris, de l’éducation comme du train de maison ; et par éducation n’entendez pas le premier âge, ni même le temps du collège, mais cette initiation à la vie sociale qui est le fait des parents