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la chronique

est moins confortable parce qu’il comporte une certaine étiquette.

Tout cela agit sur l’enfant élevé dans ces milieux. Le souvenir de la monarchie et des grandes charges de la cour, les portraits des ancêtres dans leurs uniformes brodés, la vue des vieilles armures, des parchemins historiques, la solennité des grands appartements vides, la perpétuelle présence de nombreux domestiques, l’espèce d’apparat dont s’entoure le moindre repas, tout cela lui apporte de très bonne heure le sentiment de sa dignité. Il grandit dans un petit monde qui tient les yeux fixés sur lui et lui donne la notion d’une sorte de conscience extérieure qui le regarderait toujours. Son précepteur a, vis-à-vis de lui, une certaine déférence et, s’il est au collège, il retrouvera quelque chose de cette déférence mêlée à un peu de servilité chez ses camarades.

Pour lui, cela n’est pas sans danger, mais cela n’est pas sans avantage non plus. Le danger, c’est l’affaiblissement du ressort individuel, de l’originalité native, s’il y en a. Cette existence, loin de les surexciter, les diminue. L’avantage, c’est l’incessante notion des devoirs, de devoirs supplémentaires qu’on n’impose pas aux autres enfants