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d’Auteuil, le dégoût unanime qu’il avait soulevé s’était tourné en un accroissement de popularité à l’égard du chef de l’État ; de l’examen des pièces du complot se dégageait l’impression que le parti monarchiste se trouvait plus affaibli et plus annihilé que jamais. On pouvait tirer profit de tels incidents pour détendre et pacifier. Un homme d’État avisé aurait dû s’en servir pour montrer la force de la république, sa stabilité désormais assurée, l’impuissance de ses adversaires et la nécessité de substituer aux irritantes querelles politiques des préoccupations industrielles et commerciales propres à rehausser l’importance économique du pays.

Nul assurément ne refusera à M. Waldeck-Rousseau le mérite d’être un homme d’État avisé. Mais il devient de plus en plus certain qu’en cette circonstance il se trompa : et notre précédent verdict se trouve confirmé aujourd’hui[1]. Très répandu parmi les « intellectuels », M. Waldeck-Rousseau, lorsqu’il prit le pouvoir, ne s’aperçut pas du fossé qui séparait les masses profondes de la nation d’une élite nerveuse et vibrante au sein

  1. Chronique de 1900, chap. ii.