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génie » ; il s’est cru le fondateur d’une science alors qu’il était tout bonnement le créateur d’un genre, ce qui est déjà fort joli dans l’échelle des gloires. La science qu’il a pensé fonder, c’est la zoologie sociale. « La société, a-t-il écrit quelque part, ne fait-elle pas de l’homme, suivant les milieux où son action se déploie autant d’hommes différents qu’il y a de variétés en zoologie ? Il a donc existé, il existera de tout temps des espèces sociales, comme il y a des espèces zoologiques ». Idée curieuse, juste et féconde à condition qu’elle demeure une idée littéraire et ne devienne pas un dogme scientifique. Mais précisément Balzac (et d’autres, après lui, l’ont imité) a voulu l’ériger en dogme. Il en a fait la vérité centrale autour de laquelle sa plume a couru, et elle courait très vite et très loin. Les « espèces sociales » existent bien mais elles sont en état permanent de métamorphose par contact et mélange entre elles, tandis que les espèces zoologiques évoluent avec une lenteur telle qu’il nous est permis de les considérer pratiquement comme immobiles par rapport à nous. Tout parallèle entre les unes et les autres est donc condamné à finir dans l’inexact ou l’imprécis. Si, dans sa Comédie humaine, Balzac avait