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la chronique

ciples ! On souligna la netteté de son anti-lyrisme et de son anti-romantisme ; on compara sans vergogne ses personnages à ceux de Shakespeare et lui-même à un Spinoza doublé d’un Geoffroy-Saint-Hilaire ; et pour finir, en des strophes d’une médiocre énormité, on le proclama envié par Homère, Thucydide, Tacite, Juvenal, Horace et Aristophane !… pourquoi s’arrêter en route ? Qu’on le dise tout de suite, Balzac est le premier des premiers.

De tels éloges sont un peu puérils surtout en ce qu’ils détonnent au sein d’une opinion pleine de sympathie pour Balzac mais assez ignorante de ses mérites. La foule ne lit plus que quelques-uns de ses romans et, en tout cas, n’y prend que de l’intérêt et non du plaisir. C’est que la société dont il a dressé le tableau n’est point une société permanente et universelle ; elle est datée ; elle occupe un point précis de l’espace et du temps, et dès lors il est regrettable que le tableau s’en déroule en d’interminables volumes qui, pris isolément, manquent de la valeur que leur donnerait leur place dans l’ensemble. Balzac se sentait, comme il l’a dit lui-même avec une si naïve fatuité, « en train de devenir un homme de