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pare la science sociale à la physique et déclare que Comte est l’heureux continuateur de Montesquieu. À son arrivée au pied du monument, le général avait été salué au nom des organisateurs de la souscription comme « membre d’un gouvernement constituant, à l’heure actuelle, dans le monde entier, le seul exemple du gouvernement sans Dieu ni roi, préconisé par Auguste Comte ». Naïf compliment, bien peu fait pour évoquer la notion de l’immense influence exercée depuis un demi-siècle sur le monde entier par le fondateur du positivisme. Cette phrase maladroite donne le ton des éloges consacrés, le 19 mai dernier, à son œuvre magistrale. C’étaient des éloges tendancieux visant à célébrer, à travers le positivisme, le matérialisme — à travers Comte, son disciple infidèle, Littré. L’esprit sec et dur de Littré inspirait tous les orateurs et les versets étroits de l’évangile matérialiste leur servaient de texte.

Comte méritait mieux. S’il n’y avait, pour asseoir sa gloire, que sa théorie des « trois états » (théologique, métaphysique, positif) cette gloire n’eût été ni durable ni universelle ; moins encore si son rêve de « religion de l’humanité » devait être considéré comme l’aboutissement et le cou-