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citer encore Talleyrand, le duc de Richelieu, le premier Casimir-Perier, M. Guizot et M. de Morny. Les traces de cet état d’esprit se retrouvent en raccourcis dans les discours politiques et les proclamations électorales. Les mots : épreuve décisive — bord de l’abîme — destinée brisée — fin de tout — dernier espoir — planche ou ancre de salut…, etc…, y chantent comme des refrains obsédants.

C’est là, évidemment, un travers qui, en temps ordinaire, demeure sans grande conséquence. Mais on conçoit que la proclamation officielle du péril national soit particulièrement dangereuse dans un tel milieu où elle doit retentir plus fort et se propager plus vite que partout ailleurs.

Les apparences du péril.

Il va de soi pourtant qu’une proclamation de ce genre n’est écoutée qu’autant qu’elle repose sur des apparences sérieuses. Tel était le cas. Et parmi ces « apparences sérieuses » nous ne rangeons pas l’affaire Dreyfus qui ravagea l’élite mais n’atteignit jamais la foule. Nous l’avons dit déjà l’an