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obstacle à sa renommée d’écrivain. Sa grandeur a été d’incarner, d’un bout à l’autre de sa longue existence, l’âme de la France et de l’incarner d’une manière absolue et prodigieuse. Le génie national a illuminé d’autres esprits ; avec celui-là il s’est entièrement confondu. Ni l’un ni l’autre n’ont évolué, pas plus que n’évolue le rayon d’un phare qui scrute successivement tous les points de l’horizon. Pitoyable envers les faibles, prompte à bafouer les puissants, hostile au prêtre et fidèle à Dieu, attendrie devant l’enfance, émue devant la mort, ardente au patriotisme et indulgente à l’amour, éprise de perfection et se contentant d’à peu près, aimant à la fois le calembourg et l’effroi, suppléant à de fâcheuses ignorances par une imagination enchanteresse, telle fut la France issue de la révolution et telle fut la lyre du grand Français qui chanta son labeur, ses infortunes et son espérance.

On oserait presque dire que chacune de ses œuvres contient tout cela. Ouvrez au hasard. Voici dans l’Homme qui rit un étalage inouï de puérile érudition et dans Le Rhin, un plan de politique extérieure d’une étonnante naïveté. Vous voyez surgir ici et là une Espagne, une Égypte,