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de la force ; et cette politique de menaces perpétuelles non suivies d’effets leur inspirait la conviction que la France n’osait pas les attaquer malgré qu’elle en eût envie. En réalité ce n’était pas l’audace mais l’envie qui lui manquait. Dès longtemps, le parti colonial s’est convaincu que l’établissement de notre protectorat sur le Siam était nécessaire à la sécurité de l’Indo-Chine ; mais en France, le parti colonial n’est pas le plus fort et il lui est souvent malaisé de faire triompher ses vues.

L’heure était venue pourtant de choisir ; l’exclusion systématique des Français dans toutes les occasions où le gouvernement Siamois avait à faire appel à des concours Européens était de nature, en se prolongeant, à nous causer de graves préjudices. La convention Franco-Anglaise du 15 janvier 1896, qui avait neutralisé la vallée du Menam et l’avait transformée en une sorte d’État tampon, tournait de la sorte au détriment de l’une des parties, l’Angleterre étant seule à y progresser économiquement et la France n’ayant plus le droit d’y exercer d’influence politique. Sans toucher à cette convention (il pouvait y avoir quelque danger à le faire), M. Delcassé s’est appliqué à