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riennes serait une assez médiocre consolation. Le célèbre pharmacien Homais immortalisé par Balzac, existe, en France, a plus d’un coin de rue ; mais si demain on parlait de fermer la basilique de Lourdes, les Homais de l’endroit ne seraient pas les derniers sans doute, à réclamer.

Il est à craindre, de plus, que les institutions de bienfaisance et d’une manière générale l’organisation de la charité publique et privée n’aient à souffrir du nouvel état de choses. Depuis la faillite lamentable à laquelle aboutirent les belles théories des Jacobins sur la bienfaisance officielle, il est avéré que l’État est totalement impuissant à venir seul au secours de toutes les misères. Il fallut, en l’an v, rouvrir la porte à l’initiative privée qu’on avait brutalement mise dehors et dont le malencontreux décret de l’an ii avait détruit l’œuvre et dilapidé les ressources. Peu à peu, la générosité particulière, d’abord découragée et ralentie, recommença à s’exercer. Après avoir été de 1 million par an au commencement du siècle, puis de 3 millions entre 1814 et 1830, ensuite de 4 millions, le chiffre des dons et legs faits à une seule catégorie d’œuvres, aux établissements reconnus d’utilité publique, a dépassé de 1874 à 1894, 450 mil-