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hors de la salle. Les Jacobins proposent sa mise hors la loi ; ils vont le remplacer par Bernadotte qui est en effet tout disposé à prendre cette redoutable succession. Restent les soldats ; Bonaparte au dehors galope dans leurs rangs comme un énergumène, maniant difficilement son cheval qu’il exaspère et tenant des propos incohérents. Ce sont ses lieutenants, Murat, Leclerc, Sérurier qui réorganisent cette victoire qu’il a compromise. Ils excitent les troupes en répandant de tous côtés le bruit d’une tentative d’assassinat qui n’a jamais eu lieu. La victoire, c’est Lucien Bonaparte qui finalement la remporte. Il vient à cheval, lui, président des Cinq-Cents, haranguer les soldats. Son sang-froid est prodigieux et son audace stupéfiante. Il déclare que des brigands « sans doute soldés par l’Angleterre » font régner la terreur au dedans de la salle et qu’en sa qualité de chef de l’Assemblée, il requiert les grenadiers d’y pénétrer pour « délivrer la majorité » et lui permettre de délibérer en paix. Puis, dirigeant sur la poitrine fraternelle la pointe d’un sabre, il jure de le tuer de ses mains s’il attente jamais à la liberté des Français. Cette grossière pantomime achève de décider la troupe. Ses scrupules s’évanouissent en